Pica Magazine

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28 Oct 2021

PICA est un magazine étudiant qui fut créé il y a maintenant 12 ans par une équipe de designers en devenir provenant de l’école de design de l’UQAM. Le magazine fut fondé par Ariane Perpignani (B.A. design graphique, 2011), Nadia Samadi et Gabrielle Lamontagne (B.A. design graphique, 2012) ainsi que l’ancien professeur et designer Frédéric Metz avec l’intention d’offrir aux étudiants un espace de communication visuelle mettant en valeur les disciplines du design et les domaines s’y rattachant. Avec le temps, mais surtout avec la qualité des oeuvres présentées par le magazine, PICA est devenu une vitrine d’exception pour faire rayonner le talent de plus de 400 artistes, dont Feed, Orangetango, Renzo, Baillat Cardell & Fils, Ping Pong Ping, PONY, Coppers & Brasses et BangBang. L’exclusivité et le caractère inédits des contenus présentés s’avèrent la source de la spécificité de ce diffuseur artistique. Les thèmes choisis se renouvellent chaque année et constituent la ligne directrice pour les œuvres sélectionnées. Il en va de même pour le comité éditorial qui, à l’instar d’un magazine conventionnel, est composé de nouveaux étudiants pour chaque édition.

Le thème de l’édition 2021 est Dilemme. Ici interprété comme une opportunité, le dilemme agit comme une ouverture au monde et ses possibilités en approfondissant la zone grise pour en faire ressortir des solutions tout en essayant librement. “C’est la possibilité d’être renversants. Le dilemme confronte, remet en question, stimule la réflexion et ouvre la discussion. C’est un moment qui permet d’agir avec conviction, malgré l’incertitude.” (PICA magazine) À la fois déstabilisant, confrontant, intime et commun, le dilemme s’avère une nécessité. 

Bien que le design se différencie des arts visuels par l’aspect fonctionnel et utilitaire de cette discipline, la frontière entre les deux s’amoindrit. Déjà le design dans sa définition propre est une  « esthétique industrielle qui s’applique à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leur fonction » (le Robert) tandis que les arts visuels ne sont traditionnellement pas restreints à une fonction pragmatique. Selon la philosophe, essayiste et critique italienne Manola Antonioli qui reprenait les propos de Guattari, un des facteurs contribuant à ce rapprochement des secteurs serait l’évolution des fonctions du designer engendré par les changements technologiques qui ouvrent vers de nouvelles possibilités d’objet, d’interface et d’esthétique. Nous ne sommes donc plus dans une logique de sérialité ou de production de masse, mais plutôt dans une approche singulière et innovante du design qui questionne les relations entre utilisateurs et objets. L’objet étant de moins en moins statique et le numérique grandissant, permet un développement conceptuel et esthétique qui rapproche ces disciplines, car tous deux expérimentent le monde de possible que nous offrent les nouvelles techniques. Les arts visuels interrogent l’utilitaire et la fonction des objets alors que le design se conceptualise et gagne en autonomie.

Le thème du dilemme est donc des plus actuels pour aborder les tendances de ce domaine, car le dilemme c’est le monde des possibles révélé par l’incertitude qui nous habite à l’occasion.