Historique
Initié en 2013 par un couple amoureux des arts et du patrimoine bâti, le Livart qui est situé dans l’ancien presbytère et couvent du sanctuaire Rosaire et de St-Jude a officiellement ouvert ses portes au public en 2016.
Le Livart est situé sur des territoires autochtones qui n’ont jamais été cédés. La nation Kanien’kehá:ka (Mohawk) est reconnue comme étant la gardienne des terres et des eaux de Tiohtià:ke (Montréal), qui a longtemps servi de lieu de vie, de rencontres et d’échanges pour de nombreuses Premières Nations. Le Livart souhaite aussi reconnaître les forts liens qui unissent la nation Anishinaabe à ce territoire connu par ce peuple comme Mooniyang. Aujourd’hui, les terres de Tiohtià:ke / Mooniyang abritent une population autochtone diversifiée, ainsi que des personnes issues des autres peuples qui y résident. Nous respectons les liens continus avec le passé, le présent et l’avenir dans nos relations avec les Peuples Autochtones et les autres membres de la communauté montréalaise.
Sanctuaire du Rosaire et de Saint-Jude
Le Livart occupe les anciens locaux du sanctuaire du Rosaire et de Saint-Jude, situé au cœur de Plateau-Mont-Royal et mis sur pied par les frères dominicains en 1954. Autrefois un établissement caractéristique du domaine religieux et implanté dans l’un des secteurs commerciaux les plus vivants de Montréal, le site chevauche les anciens quartiers municipaux de Saint-Jean-Baptiste et de Saint-Louis qui, au début du XIXe siècle, appartenaient à quelques grands propriétaires terriens. Au début des années 1870, le développement résidentiel est amorcé dans le secteur et quatre entrepreneurs: Ferdinard David, Sévère Rivard, Michel Laurent et Gustave S. Drolet rachètent les terres pour procéder à leur lotissement.
Création d’une nouvelle paroisse anglophone
La première véritable occupation des lots occupés par le Sanctuaire Saint-Jude, aussi connu sous le nom de Sanctuaire du Rosaire, est celle de la paroisse catholique anglophone de Saint-Agnès (Magnan, 1952). Érigée en 1905, sa création remonte au 10 août 1903 lorsqu’une pétition réclamant une nouvelle paroisse d’expression anglophone par les paroissiens de Saint-Jean-Baptiste fût déposée à Mgr. Paul Bruchesi, l’archevêque de Montréal. Celui-ci exauça le vœu des fidèles, l’année suivante, en officialisant le projet le 21 avril 1904 dans le journal La Gazette. Le site, au limite des quartiers St-Louis et du village de Saint-Jean-Baptiste, est alors choisi et approuvé le 25 juin 1904 par Mgr. Bruchesi.
ce sont ces démarches qui conduisirent à la création et aux premiers balbutiements des bâtiments existants de nos jours.
Construction d’un bâtiment patrimonial
Le 27 novembre de la même année, la maison du terrain voisin rue Saint-Denis est achetée pour servir de presbytère temporaire. La réalisation de l’Église de la paroisse catholique est confiée au jeune architecte Alphonse Piché (1874-1938), et complétée en 1905. L’édifice qui en résulte est d’influence néo-gothique tardive, au plan cruciforme et au chevet plat, dont la composition s’apparente à celle des églises catholiques d’Irlande. C’est en 1932, toujours logée dans la maison voisine de l’Église, que la paroisse décide de se doter d’un véritable presbytère. Le 25 avril, le projet est confié à l’architecte Edward J. Turcotte (1894-1975) et se termine en 1933. Le bâtiment érigé tel que connu aujourd’hui, est un édifice de deux étages d’inspiration néo-Tudor, avec un grand oriel (baie vitrée courbe) sur le côté droit de la façade, des fenêtres rectangulaires et un portail ornementé. L’intérieur est richement décoré de moulures et de boiseries ainsi que de fausses poutres en bois au plafond qui ajoutent du caractère aux pièces.
Transfert du bâtiment aux moines Dominicains
En mai 1953, en raison d’un exode de la population anglophone vers l’ouest de l’île, la paroisse annonce sa fermeture. Les derniers offices sont célébrés en juillet de la même année et on annonce son changement de vocation au profit d’un oratoire qui sera confié aux Dominicains, établis dans le pays depuis 1873 et qui connaissent à cette époque une expansion de leur ordre.
Du sanctuaire Saint-Jude au Livart
Le 18 septembre 1953, les Dominicains entreprennent l’acquisition de ce qui est connu de nos jours comme le sanctuaire Saint-Jude par l’achat des deux maisons voisines du presbytère (3968 et 3676 Saint-Denis). Ils procèdent ensuite à l’acquisition de l’Église et du presbytère le 19 mai 1954 avant de racheter, en dernier lieu, la maison au nord de l’Église en 1963 (démolie en 1970 pour la construction d’un garage). Suite à ces acquisitions, le presbytère accueillera les bureaux de la communauté des Dominicains, des salles communes et des chambres. L’année suivante (1964), on procède à la construction et à l’aménagement d’un couvent, un édifice en béton de trois étages de facture moderne doté d’un parement en brique jaune et d’une cour intérieure. Section la plus moderne de l’ensemble immobilier, le bâtiment fut réalisé selon les plans de l’architecte Yves Bélanger (1909-1978).
Les bâtiments occupent leur fonction de sanctuaire jusqu’en 2004 ou, incapables de maintenir en bon état les lieux, les dominicains se résignent à changer la vocation du site.
l’arrondissement et le conseil du patrimoine de montréal ont souhaité conserver les bâtiments, à des fins de représentation patrimoniale du quartier.
Mis en vente à l’automne 2006, le sanctuaire est racheté séparément par plusieurs investisseurs et les bâtiments sont successivement reconvertis pour servir à d’autres fonctions. Sous l’initiative de Cindy Tessier-Trudeau et Marc O’Brien-Miro, avec beaucoup de persévérance, des idées novatrices et une vision d’avenir pour le patrimoine et le dynamisme du quartier, l’organisme à but non lucratif Livart, qui occupe les anciens bâtiments du presbytère et du couvent, voit le jour. Le centre d’art abrite une galerie d’art, des studios d’artistes, une école d’art et une salle multifonctionnelle, depuis son ouverture le 20 octobre 2016 et la fondatrice assure le rôle de directrice générale depuis ce jour.