Entrevue avec l’artiste TeenAdult par Olivia St-Jean
Le Livart présente dans sa boutique les œuvres de l’artiste montréalaise TeenAdult.
À propos de TeenAdult:
TeenAdult, Kezna Dalz est une artiste montréalaise qui pratique plusieurs médiums. Son travail se démarque par l’emploi de couleur vives et des trait crus pour approcher des thématiques tels que le féminisme, la lutte contre le racisme, la culture populaire et la sexualité. Sa facture naïve et l’utilisation d’une palette riche et éclatante lui permet d’aborder des sujets sensibles tout en douceur.
D’où tires-tu l’inspiration pour tes œuvres, ainsi que pour leurs titres?
Ce qui m’inspire, ce sont les émotions. Vivre une émotion assez intense ou penser à une émotion assez intense me donne des envies de créer. La représentation du corps de la femme noire possède également une place particulière dans mon processus créatif. Elle m’inspire et m’est très importante.
Pour ce qui est des titres, ils viennent assez naturellement. Je n’aime pas trop “overthink” les choses, je ne me casse pas la tête pour un titre. Ils n’ont pas besoin d’être très complexes, des fois les titres sont trois phrases de longueur et je me dis : “ben oui c’est un titre”.
La pandémie a-t-elle influencé ta création d’œuvres d’arts visuels?
Je ne crois pas que ça a été plus difficile, au contraire. C’était beaucoup d’émotions en même temps; la montée de Black Lives Matter suite à l’assassinat de Georges Floyd, la vague de dénonciations, la pandémie. Je crée beaucoup avec mes émotions et j’ai ressentis tellement de choses à ce moment-là qui font en sorte que je crée plus qu’habituellement.
Est-ce que tes œuvres sont des autoportraits?
Pas nécessairement, je crois que mes œuvres sont plus des autoportraits psychologiques que “physiques”. Je ne conçois pas mes œuvres dans cette idée, mais elles sont nécessairement en lien avec mon état psychologique.
Tu abordes des thèmes comme la diversité corporelle, le féminisme et le racisme, quels sont les défis qui y sont associés?
En tant que femme noire et queer, je ressens le besoin de m’exprimer sur ces thèmes et je crois que ma position face à eux facilite le fait de les aborder. Ils sont mon vécu, il m’est donc naturel d’en parler. À la différence de certains, c’est simple pour moi d’exprimer mes émotions, il faut que je le fasse et ça sort artistiquement. Créer devient une sorte d’auto-thérapie et je suis vraiment chanceuse de pouvoir le faire.
Considères-tu que ton art est engagé? Est-ce que tu peins avec une intention de faire de l’art engagé?
Je ne m’installe pas devant mon chevalet en me disant : “ok là je vais faire une oeuvre politique”. Ce que je fais est politique donc j’imagine que mon art est engagé, mais ce n’est pas nécessairement mon but.
Lorsque je fais une toile avec des femmes noires grosses juste le fait de peindre ça, c’est un acte politique d’une certaine façon. Cela défie ce qui est représenté depuis toujours. Je trouve donc que c’est politique d’une certaine façon mais c’est pas nécessairement “voulu” à la base.
Une chose que tu voudrais que les gens retiennent de ton art?
J’espère que les gens qui regardent mon travail se sentent libres d’exprimer leurs émotions peu importe qu’est ce qu’elles sont autant que moi je me sens libre en créant ces œuvres là.
Qu’est ce qui t’attire dans les couleurs flashs utilisées dans tes œuvres?
Je pense que c’est parce qu’elles accompagnent bien l’œil! Ce qui revient aussi beaucoup ce sont les gens qui sont comme : “omg ce sujet là est tellement chargé d’émotions mais c’est abordé avec tellement de douceur”, c’est un beau compliment et j’adore que ce soit comme ça! J’ai aussi l’impression que les couleurs flashs attirent l’attention des gens et qu’ensuite les personnes s’attardent au message.
Y a-t-il des artistes qui t’inspirent en ce moment?
Je suis inspiré par des artistes de styles plus classiques. J’ai aussi la chance d’être dans une communauté artistique où tous mes amis et toutes les personnes que je côtoie sont des artistes et c’est eux qui m’inspirent le plus.